Histoire courte — Zoey & Jenny — Partie 1

Zoey est de retour

Histoire courte — Zoey & Jenny — Partie 1

Zoey regardait au loin, perdue dans ses pensées…

Celà faisait une éternité qu’elle n’était pas revenue ici. Depuis la mort de ses parents, elle n’avait plus jamais remis les pieds à Arkham. Il faut dire qu’au vu des circonstances, les services sociaux n’avaient pas eu d’autre choix que de l’éloigner. Ses parents ainsi que sa soeur, sa seule famille, avaient perdu la vie dans l’incendie.

L’école d’Arkham se trouvait juste de l’autre côté de l’avenue. Il aurait été bien trop douloureux pour Zoey de rester et de grandir si près du lieu du drame. Il ne restait pour ainsi dire rien de la maison de maître qu’elle avait habitée jusqu’à ce jour fatidique, peu après son sixième anniversaire. Des larmes se mîrent à couler le long de ses joues mordues par le froid, tandis qu’elle contemplaît les ruines de son ancienne habitation. Elle venait de passer vingt ans si loin d’ici. Le seul endroit au monde où elle s’était vraiment sentie heureuse…

Elle savait depuis longtemps ce qui s’était réellement passé ici. Ils avaient tous crû que l’incendie était un accident, mais ce n’était qu’un moyen d’effacer les traces de l’horrible vérité. Une vérité que peu d’hommes étaient à même de concevoir. Zoey pourtant, haute comme trois pommes, avait vu toute la scène. Sans réfléchir, elle s’était réfugiée dans le placard sous l’escalier. C’était son repère secret, l’endroit où elle se disait que rien ne pouvait lui faire de mal. Elle allait souvent s’y cacher quand elle était effrayée par ses cauchemars. Cette nuit-là il lui avait sauvé la vie. A travers le trou de la serrure, elle avait vu ses parents participer au rituel d’invocation, bien malgré eux. Sacrifiés sur un autel amené par les trois cultistes venus chez eux pour réaliser quelque prophétie satanique.

Zoey n’avait pas crié, pas même pleuré. Elle avait juste observé la scène, pétrifiée par la peur et horrifiée par l’effroyable spectacle. Après leur rituel, les cultistes avaient bouté le feu aux quatres coins du salon et s’étaient enfuis. Elle n’avait pas vu leurs visages, mais elle s’était malgré tout jurée de les retrouver un jour pour se venger. Elle réussit à sortir de l’habitation avant que les flammes ne se propagent jusqu’à elle.

Elle resta assise dans l’herbe humide, contemplant le brasier qui emportait ses parents et son enfance avec lui. C’est à ce moment qu’il vint à elle. Lui, celui qu’elle maudissait intérieurement d’avoir pû laisser tout ceci se passer. Sa colère était terrible. Elle l’avait rejeté, se disait qu’il ne pouvait pas exister, car s’il existait, alors il n’aurait jamais laissé tout ceci se produire. Celà n’avait aucun sens. Dieu est amour. Comment aurait-il pû cautionner une telle horreur? Mais à présent il était là, elle le sût tout de suite. Sa châleur l’entoura et, en un instant, sa colère et sa tristesse s’évanouirent. Il ne dit rien, il n’en avait pas besoin. Mais elle comprit tout, immédiatement.

Elle, Zoey Samaras, serait le bras vengeur du seigneur, son agent sur terre. Son courroux était grand, et c’était à elle de l’apaiser. Sa mission était simple: protéger les innocents et punir les égarés, les délinquants, criminels, dévoyés, déviants, adorateurs en tous genres, créatures impies et démons. Ils devaient tous être stoppés, remis dans le droit chemin, sanctifiés, asservis au seul vrai dieu, ou maudits à jamais. Et, souvent, la seule vraie absolution ne pouvait être atteinte que par la mort. Telle était sa mission, confiée par le seigneur lui-même. Avait-elle autre choix que d’obéir à son dieu?

C’est ce qu’elle fît, vingt années durant. Elle n’avait eu cesse de pourchasser et de punir, au nom de dieu. Pendant toutes ces années, elle ne l’entendit que rarement, mais chaque fois ce fût si bouleversant qu’elle ne douta jamais de sa foi. Il venait à elle quand sa vie devenait trop difficile à supporter, quand ses forces l’abandonnaient, quand elle se sentait seule et perdue face au mal qui peuplait la terre. Ce mal rampant, omniprésent. Où qu’elle aille et où qu’elle pose ses yeux, le mal était là. Et elle ne pouvait l’ignorer. Non, elle ne le pouvait pas.

C’était le seigneur qui l’avait poussée à revenir à Arkham. Elle avait senti sa présence auprès d’elle quelques jours auparavant, alors qu’elle désespérait de pouvoir l’entendre de nouveau. Comme les fois précédentes, aucun mot ne fut nécessaire. Tout était clair et limpide. Arkham était rongé par un mal profond. Un mal sans nom, noir comme le jais. Zoey devait purifier cet endroit, quoi qu’il en coûte.